Actualités du centre | 2016

Soutenance de thèse d'Ibtissem Ben Dridi

Soutenance de thèse d'Ibtissem Ben Dridi

La montagne en héritage. Affections des corps, gestions syncrétiques d’infortunes, écritures de la mémoire collective et façonnements des fiertés identitaires dans les Andes Centrales d’Équateur

Jeudi 24 novembre 2016, à 14h, EHESS, Paris 13e

Mondes Américains et le CERMA ont le plaisir de vous inviter

à la soutenance de thèse de doctorat
en anthropologie d'Ibtissem Ben Dridi

La montagne en héritage.
Affections des corps, gestions syncrétiques d’infortunes, écritures de la mémoire collective et façonnements des fiertés identitaires dans les Andes Centrales d’Équateur

Préparée sous la direction de Carmen Bernand,
à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales

Jeudi 24 novembre 2016, à 14h,
Salle du Conseil B (1er sous-sol de l’EHESS),
190 Avenue de France, Paris 13e
(métro Quai de la Gare)

 

Jury :
• Carmen Bernand, Professeure Émérite de l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense, Membre Honoraire de l’Institut Universitaire de France et du CERMA (EHESS) - Directrice de recherche
• Erwan Dianteill, Professeur à l’Université Paris Descartes (CANTHEL) - Examinateur
Corinne Fortier, Chargée de recherche au CNRS (LAS / Collège de France) - Examinatrice
• Antoinette Molinié, Directrice de recherche au CNRS (LESC) - Rapporteure
• Jacques Poloni-Simard, Maître de conférences à l’EHESS (CERMA) - Examinateur
• Carmen Salazar-Soler, Directrice de recherche au CNRS (CERMA) - Présidente de jury
• Charles-Édouard de Suremain, Chargé de recherche HDR à l’IRD (PALOC) - Rapporteur

***

Résumé
Cette recherche est le fruit de quatre enquêtes de terrain réalisées entre 2004 et 2015 au nord de la Province du Chimborazo, au sein de plusieurs communautés rurales hispanophones et quichuaphones du district de Calpi et la ville de Riobamba. À partir d’une insistante ritournelle selon laquelle « ici, on a des montagnes », l’ethnologue a été amenée à interroger les liens que ses interlocuteurs nourrissent aux imposants reliefs qui les entourent. En portant attention aux contextes historique, politique et religieux ayant marqué la région étudiée, cette thèse s’attache à expliciter comment l’élaboration d’une certaine fierté identitaire et la valorisation d’un régime d’historicité spécifique s’articulent à un espace particulier qui est celui de la montagne.
Une première partie de ce travail retranscrit les mythologies et les récits d’infortune dépeignant les montagnes comme la demeure d’esprits sexués et agentifs, responsables de la fécondation des matrices féminines, de l’atteinte de la force vitale et de l’altération de l’esprit. En mettant en valeur le façonnage historico-religieux et moral de la mise en récit du corps affecté, l’auteure envisage le corps humain comme étant à la fois le support intime d’un ordre social partagé et le support mnésique d’évènements historiques marquants. En ce sens, le rapport des hommes aux montagnes est ici appréhendé comme une forme d’ancrage corporel de la mémoire collective et de la régulation sociale.

L’affection des corps occasionnée par les hauts reliefs a mené l’auteure, dans une seconde partie de son travail, à s’intéresser à la dynamique des gestions d’infortunes et des systèmes thérapeutiques. En se basant sur l’observation de « cures de purification » prenant place dans les antres des guérisseurs mais également au sein de structures de santé publique - tel que l’Hôpital Andin Alternatif du Chimborazo - l’auteure décrit la vitalité des parcours de soins et le rôle que jouent les politiques interculturelles de santé dans la valorisation d’un pluralisme médical certain. À partir de la notion d’ « énergie » vitale, qui traverse tant les logiques thérapeutiques traditionnelles qu’une offre de soins plurielle, elle montre comment l’ésotérisme du new age imprègne les pratiques locales. L’analyse de cet ésotérisme, conjointement à celle de la mouvance écologique, se révèle féconde afin d’appréhender un champ thérapeutique en perpétuel mouvement et des formes d’intercession avec l’espace naturel en constante réinvention.

À partir de la mise en évidence du rôle joué par les passeurs catholiques dans la valorisation de la « culture indigène » dès les années 1960, puis des revendications ethniques engagées sur un mode politique à partir des années 1990, et enfin des réformes constitutionnelles réalisées en 1998 et 2008, la troisième partie de ce travail analyse la manière dont la « cosmovision indigène » devient progressivement un enjeu identitaire et politique central. Cette analyse ouvre la voie à une réflexion plus ample permettant de questionner l’idée selon laquelle le rapport à la nature et a fortiori aux montagnes serait un des traits les plus caractéristiques de l’« identité indigène ». L’auteure explique comment cette nouvelle donne prend corps dans diverses mises en tourisme et mises en patrimoine des hauts reliefs, au sein desquelles la construction des fiertés identitaires locales s’élabore en vis-à-vis d’une valorisation identitaire nationale.

Au terme de cette recherche, les montagnes sont apparues comme un axe privilégié, un héritage, à partir duquel les habitants de la Province du Chimborazo s’ancrent dans les temps passés et se définissent comme acteurs légitimes des temps présents. À travers les montagnes, les hommes se content et se racontent, en combinant le temps long de la mémoire et le temps court de la réinvention identitaire. Ce sont, fondamentalement, les termes de la négociation de leur présence au monde contemporain qu’ils ont ici exprimés à l’ethnologue, qui tente dans cette recherche de les retranscrire au plus près de leur sensibilité et de leur vitalité. À partir de l’observation du rapport des hommes aux montagnes, c’est toute une société qui se dessine, avec son passé le plus profond et ses aspirations les plus contemporaines.

Mots-clés
Andes, Équateur, Montagne, Mythologie, Sexualité, Corps, Maladie, Pluralisme médical, Dynamisme des systèmes thérapeutiques, New Age, Syncrétismes religieux, Politiques interculturelles, Pastorale Indigène, Théologie de la Libération, Mémoire collective, Patrimoine, Écologie, Tourisme communautaire.

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